NACIONAL: Le carrefour de l’espoir
Contrairement aux prévisions intéressées ou formulées à la hâte, soit de droite, soit de gauche, une grande victoire du PT et de la coalition que soutient le gouvernement Lula aux élections de 2004 est pleinement possible, construisant le chemin politique qui pourra surmonter le néolibéralisme.
Juarez Guimarães
Juarez Guimarães*
Traduit par Alberto Castiel
Toute prévision politique est conditionnée. Elle consulte les faits à venir qui sont à portée ou ne dépendent pas de la volonté des acteurs politiques analysés. À partir de ces conditions, elle établit un champ de prévision.
Les élections municipales de 2004 seront définies dans la lutte politique tenant en compte les circonstances de chaque ville. Cependant il est raisonnable de prévoir qu’elles seront fortement conditionnées par l’évaluation de la population sur le gouvernement Lula, dont la nouveauté historique centralise toute la conjoncture politique du pays. Une relation d’ordre inverse est aussi vraie: un résultat électoral négatif ou faible du PT dans ces élections municipales signalera la rupture d’une dynamique politique débutée aux élections de 2000, rendant la puissance de l’opposition au gouvernement Lula et la remettant sur rails pour la dispute en 2006.
Ce que cet essai prétend démontrer est qu’il est possible, aux décisions politiques à la portée du gouvernement Lula et du PT, d’obtenir une victoire électorale expressive en 2004, consolidant le chemin politique pour avancer d’une manière décisive vers le dépassement du néolibéralisme.
Il existe trois champs de facteurs qui sont indépendants de la volonté du gouvernement Lula, du PT et de ses alliés. Le premier est la conjoncture internationale; le second est celui qu’on pourrait appeler de « puissance de l’opposition »; le troisième est de l’ordre de la pure casuistique, de ce qui est absolument imprévisible ou subjectif.
Il y a une forte convergence des analystes internationaux sur le fait que en 2004 n’est pas probable un essor d’instabilité financière, qui puisse provoquer une altération soudaine ou l’imminence d’une crise de change pour des pays périphériques clefs, en particulier le Brésil. Ce dernier, d’ailleurs, malgré le fait d’être structurellement vulnérable à ces crises, présente dans la marge quelques améliorations d’indicateurs (excédent commercial record en 2003, augmentation des réserves). En année d’élection aux USA, ne paraît pas probable une augmentation expressive du taux d’intérêts de la part du FED (Banque Centrale des USA), qui pourrait conjoncturellement encourager la fuite des capitaux de risque.
En second lieu, dans la situation actuelle, la puissance de l’opposition politique au gouvernement Lula se trouve très affaiblie par la crise programmatique du PSDB, par le manque d‘unité stratégique de ses principaux dirigeants , par la division du PFL, enfin, par l’affaiblissement expressif de ses blocs parlementaires. Ils leur restent, et cela est important, la sympathie active et opérante des médias, des principaux journaux du pays, qui malgré leurs différences, agissent fréquemment d’une façon orchestrée dans des moments clés.
Il y a, en plus de cela, l’action de l’inopiné, du hasard, de l’imprévu. Mais l’action néfaste de ces facteurs peut être surmonter en partie, comme nous l’enseigne Machiavel, par l’action vertueuse ou prudente du gouvernement.
Si cela est vrai, la conjoncture des élections de 2004 est, par excellence, un moment d’action créatrice du gouvernement Lula, d’initiative et d’expansion publique du PT et des mouvements sociaux qui composent sa base historique. L’année 2004 sera ce que nous serons capables de construire, en particulier notre capacité gouvernementale et publique de surmonter les contraintes historiques léguées au projet transformateur du PT.
Espoir dramatique
Cette large vision très positive des possibilités politiques doit être complétée par une vision de l’état actuel et de la dynamique des rapports du gouvernement Lula avec la population brésilienne. Il est possible de faire une analyse raisonnablement sûre concernant ce rapport, étant données les convergences entre les trois enquêtes nationales faites régulièrement – CNI-Ibope, CNT-Sensus, Datafolha. Elles indiquent l’évolution dramatique des espoirs du peuple brésilien.
Malgré le fait qu’ils restent à un niveau très élevé dans le cas de l’évaluation de l’activité personnelle de Lula comme président (65,3% pour l’enquête CNT-Sensus, divulguée en février ; 60% pour Datafolha du 2 mars) et raisonnable dans le cas du gouvernement fédéral (39,9% dans CNT-Sensus et 38% dans Datafolha), ces indices sont en chute consistante, depuis août 2003. Les raisons de ce processus sont très convergentes dans toutes les enquêtes : absence d’actions efficaces destinées à réduire le chômage (qui a beaucoup augmenté en 2003, en conséquence du recul de l’économie) et résultats considérés insuffisants des politiques sociales. Le gouvernement est aussi relativement mal évalué dans le combat contre la corruption.
La différence, actuellement de 25,4% dans le cas de CNT-Sensus et de 22% dans le cas de Datafolha, entre l’approbation de Lula et de son gouvernement attire l’attention. En grande mesure, cette différence, qui n’existait pas, par exemple, dans le cas de l’ancien président Fernando Henrique Cardoso et son gouvernement lors de son premier mandat, se doit à la condition messianique, toujours renouvelée, par son amour authentique des opprimés, du leadership publique du président de la République. En effet, celui-ci a annoncé, pendant toute l’année 2003, de nouvelles conditions qui seraient en train d’être créées pour l’emploi, le revenu, la réforme agraire et les politiques sociales.
Il est raisonnable de supposer que la persistance du contraste entre le promis et la réalité probablement provoquerait un rapprochement graduel entre les deux indices, entre l’approbation de l’activité personnelle du président et celle de son gouvernement. Cette tendance, d’ailleurs, s’est déjà manifestée dans l’enquête de février de la CNT-Sensus, avec une inclinaison plus accentuée de chute de popularité du président relativement à celle de son gouvernement. Plus inquiétants encore sont les indices sur la propre crédibilité du président: 48% jugent que les promesses de campagne sont en train d’être accomplies, mais 42% déjà jugent que non.
Dans le cas où les tendances conjointes de chute de popularité et de croissance de la désillusion ne soient inverties dans les prochains mois, le PT et ses alliés affronteront la prochaine dispute électorale dans un contexte chroniquement négatif, de méfiance ou de discrédit ou même d’hostilité. N’est pas seulement en jeu une question électorale, bien que cette question soit fondamentale : il s’agit d’une dynamique potentielle de conflit entre le PT et ses bases historiques, les travailleurs et les secteurs populaires. Et plus encore, une menace sur la propre projection éthico-politique du PT et de la coalition de gouvernement qu’il dirige. Comment expliquer la poursuite de politiques qui frappent si profondément les conditions de vie déjà dramatiques du peuple brésilien pendant que les banquiers et les spéculateurs, qui ont déjà tellement gagné durant les dernières années, obtiennent des profits records ? Faut-il attribuer cela à un choix sans options, fruit de contraintes héritées ? Mais alors, le parti qui représente légitimement, par conquête et droit, l’espoir de changement serait en train de confirmer que, écartée l’aventure, la continuité fondamentale doit prévaloir?
Vers la transition
Durant les derniers mois de 2003, une série de décisions importantes avaient montré que le gouvernement Lula était en train de fortifier les conditions afin d’établir un nouvel étalon des rapports entre l’État et l’économie, préparant les conditions pour un cycle soutenu de croissance de l´économie avec distribuition de revenu.
Dans le secteur électrique, où a été plus accentuée la détérioration produite par la privatisation et le dérèglement, a été approuvée une nouvelle limite régulatrice dans laquelle le Ministère des Mines et de l’Énergie reprend les fonction clés. La redéfinition fonctionnelle des agences de réglementations a le même objectif, établissant une position républicaine plus responsable de celles-ci dans leurs domaines d’activité. La substitution du président de l’Agence Nationale de Télécommunication (Anatel) et du président de l’Agence Nationale de Santé a été, certainement, décisive dans cette direction. Se sont atténuées les rumeurs sur la substitution de Carlos Lessa à la Banque Nationale de Développement Economique et Social (BNDES), dont la gestion a produit un retournement stratégique dans les fonctions de développement nationales et sociales de la plus grande banque brésilienne d’appui au développement. Le 2 mars dernier, par exemple, a été divulgué que les nouvelles politiques d’opération de la banque, privilégient, en terme de coût de l’emprunt, le secteur publique. Ont été définis des plans stratégiques de financement pour l’habitation et l’assainissement, des domaines pratiquement abandonnés par les gouvernements FHC et spécialement sacrifiés en 2003. A été annoncée, marquant ici clairement une rupture avec l’époque du « malanismo » (politique de l’ancien ministre de l’économie de FHC, Malan), une nouvelle politique industrielle activement orientée vers des secteurs technologiquement clés.
L’orientation souveraine de la politique extérieure a été confirmée, avec la démission d’un directeur du Ministère de l’Économie qui a publiquement attaqué l’orientation des négociations concernant l’Alca. Les fonds de pension, qui constituent un secteur stratégique pour le financement d’une économie du secteur publique, donnaient des indications solides de sortie de la logique financière qui a dominé dans la décennie 90 et d’engagement dans des investissements d’infrastructure selon les nouveaux rapports définis dans les plans de partenariat publico-privés.
Avec l’annonce d’ embauches massives par le biais de concours publiques, Lula a divulgué ce qu’il a appelé de « démantèlement du démantèlement de l’État brésilien », critiquant la sous-traitance des services implantée dans les années 90. Plus important encore, a prévalu dans le gouvernement le pari sur le plus grand plan de réforme agraire de l’histoire du pays, dépassant les grandes limitations de 2003 et créant un nouveau pacte stratégique entre le Ministère du Développement Agraire et les mouvements sociaux agricoles. La pression publique pour une réduction de l’ajustement fiscal a été traduite dans le travail parlementaire du PT, par Jorge Bittar, avec une prévision de 12 milliards de réals d’investissements du gouvernement fédéral en 2004. Enfin, le groupe interministériel qui, sous la direction du Ministère de l’Éducation et de la Culture (MEC), a élaboré un plan stratégique pour l’université brésilienne, en contraste avec le point de vue de la Banque Mondiale, a montré le chemin vers une politique de récupération des universités publiques et vers la duplication de l’offre d’ inscriptions jusqu’en 2007. Au début 2003, contre l’opinion formelle du ministre de l’Économie, le ministre José Dirceu et le propre Lula ont annoncé que le projet d’autonomie de la Banque Centrale n’était pas une priorité en 2004.
La réforme ministérielle a donné un renfort politique stratégique à cette dynamique de transition. La confirmation publique de José Dirceu dans la fonction de coordinateur politique et administratif des ministères a renouvelé la force et la légitimité du centre politique du gouvernement Lula. La nomination de Patrus Ananias pour le Ministère du Développement Social et de Combat à la Faim – rassemblant maintenant la Faim Zéro, la Bourse-Famille et le Ministère de l’Assistance Sociale – a le potentiel de créer une nouvelle dynamique pour la vocation sociale du gouvernement Lula. Patrus a la stature éthico-politique pour devenir le dirigeant publique national du sentiment chrétien communautaire dans lequel le peuple brésilien s’identifie.
Le choix de deux ministres du PMDB (parti de la coalition gouvernementale) – Eunício de Oliveira et Amir Lando, noms non attachés aux pratiques les plus physiologiques du parti – consolide l’attraction de ce parti pour une fonction stratégique de centre dans le gouvernement Lula. Le pacte ministériel est la contrepartie de la formation d’une solide majorité parlementaire au Sénat et à la Chambre, qui isole les tentatives du PSDB et du PFL ayant pour but de construire un bloc d’opposition puissant de centre–droite.
La prévision était que, durant le premier trimestre de 2004, la poursuite de la chute du taux d’intérêts de base de l’économie, administré par la Banque Centrale, et l’ensemble des nouveaux investissements directs ou coordonnés par l’État, alimenteraient la dynamique, qui ne fait que commencer, de reprise de la croissance , débutée durant le dernier trimestre de l’année dernière.
Blocage à la transition
Cependant, cela n’a pas eu lieu. La Banque Centrale, contrariant jusqu’aux expectatives immédiates du propre marché, appuyée sur un diagnostic clairement artificiel de danger de retour de l’inflation, mis en question même par des monétaristes orthodoxes, a opté pour l’interruption de la continuité de la chute des taux d’intérêts de base. En réalité, en augmentant le taux d’intérêt réel pratiqué dans l’économie, en créant des expectatives de manutention du taux d’intérêt dans les prochains mois et des incertitudes en ce qui concerne la fragile reprise de la croissance.
S’en est suivi un petit mouvement spéculatif du capital financier, associé à des rumeurs sur la démission ou le renoncement de Henrique Meirellles de la Banque Centrale ainsi que de hauts fonctionnaires du Ministère de l’Économie, appartenant à l’ancienne équipe de Malan. Dans cette atmosphère, le ministre de l’Économie a imposé le besoin de créer une « réserve technique » d’une importante partie des 12 milliards de réals d’investissements directs prévus par le gouvernement fédéral pour cette année.
Le contexte d’incertitudes s’est vigoureusement aggravé avec la dénonciation, enregistrée en vidéo et diffusée par la télévision, d’un haut fonctionnaire de la Casa Civil (Cabinet Civil), Waldomiro Diniz, qui jouissaient de la confiance du ministre José Dirceu, marchandant de l’argent et des gratifications avec un contrevenant du jeux de hasard « bicho » en 2002. Les scènes choquantes ont été clairement exagérées dans leur signification politique et ont été utilisées comme instrument pour atteindre avec précision le noyau politique du gouvernement plus orienté à approfondir une logique de transition au paradigme néolibéral.
Jusqu’à maintenant, les enquêtes réalisées ont montré un fonctionnaire corrompu, jouissant de confiance non méritée afin d’accomplir des fonctions stratégiques de gouvernement. À propos de l’intermédiation exécutée par le contrevenant du jeux de hasard « bicho », avec l’entreprise Gtech qui travaille pour la Caisse Économique Fédérale, celle-ci a conclu, après les enquêtes, que les irrégularités ont été pratiquées depuis 1997, au début du second mandat de Fernando Henrique, et impliquaient des fonctionnaires et dirigeants de l’institution.
Parmi toute la presse, le journal Folha de S. Paulo a été celui qui a fait le plus de bruit et a présenté avec le plus de partialité l’épisode, construisant quotidiennement le diagnostic selon lequel le gouvernement Lula est une simple suite du néolibéralisme et aurait maintenant « sa crédibilité politique maculée de façon irréversible » (‘Illusions perdues’, éditorial du 22/2). Cependant, le propre hebdomadaire Veja, dans son édition du 3 mars, affirme : « Dire que le compromis du PT ou du gouvernement avec la moralité administrative et l’éthique a été détruit avec l’épisode Waldomiro Diniz est non seulement une exagération, mais aussi une bêtise . Mais on ne peut pas nier que le gouvernement a perdu une excellente occasion de montrer que ses pratiques sont différentes et que son discours éthique, tellement huilé dans les luttes d’opposition, n’étaient pas seulement pour la consommation extérieure ».
Un traitement éditorial plus orienté a été dispensé par les conservateurs, le journal O Estado de S. Paulo, la revue Veja, le journal O Globo et la revue Época, qui appuient le programme de continuité des directrices économiques héritées de la période Malan. Alors que le journal O Estado de S. Paulo demandait dans son éditorial la démission de José Dirceu, l’ hebdomadaire Veja du 3 mars centrait son édition nationale sur un long article : « José Dirceu: le ministre que a rétréci ».
Éthique républicaine
L’épisode Waldomiro Diniz n’a pas réussi, jusqu’ à l’heure actuelle, à se transformer en une vraie crise politique du gouvernement. La proposition d’une Commission Parlementaire d’Enquête (CPI) sur l’épisode, malgré la grande résonance dans l’opinion publique en fonction même de la répercussion amplifiée par les médias, ne réussissait même pas à unir les principaux leaderships du PFL et du PSDB. La Mesure Provisoire de clôture des établissements du jeux de hasard « bingos », a dépassé la proposition d’une CPI, car elle a reçu l’appui de la population et a éliminé les soupçons selon lesquelles le PT entretenait ou aurait entretenu des rapports plus systématiques avec le jeu illégal. Cependant il est raisonnable de supposer qu’en fonction des circonstances et de l’appropriation publique de l’épisode, l’image du compromis du PT avec l’éthique républicaine en ait souffert de manière importante.
Celui-ci est un domaine où le gouvernement Lula a certainement une histoire, une trajectoire et un programme solides afin de construire une identité publique forte, dans le combat à la corruption systémique. Il n’est pas sans importance de rappeler que ce fut autour du mandat du député fédéral José Dirceu et des séminaires internationaux organisés avec l’Institut de la Citoyenneté, rassemblant les principaux dirigeants et associations qui développent une action permanente en faveur de l’éthique dans la politique, que se sont accumulés le plus de diagnostics et de solutions sur le sujet.
Depuis le début, le gouvernement attaque la corruption systémique sur deux fronts principaux. La Cour de Comptes d’État sous la direction de Waldir Pires, a réalisé un large travail d’audit sur les transferts de sommes fédérales vers les municipalités, vérifiant des irrégularités dans 75% des cas analysés. Le Ministére de la Justice, avec la collaboration de la Police Fédérale, est en train de s’équiper et de mener des actions contre les circuits de blanchissage d’argent qui stimulent le crime organisé et couvrent la corruption. Mais il est possible et nécessaire de faire davantage.
Il y a trois secteurs qui peuvent être l’objet d’une action systématique à court terme. En premier lieu, la période néolibérale a été marquée précisément par l’exacerbation des actions des lobbies privés dans les institutions ou services de l’État. Il faut, donc, clarifier la définition de ce que sont des biens publiques et des biens privés, reprendre le sens démocratique du contrôle de l’État brésilien et du bien commun. Transparence budgétaire, installation d’audits avec la représentation de la societé civile, nouveau pacte de normes de procédure, contrôle publique sur les concurrences: le gouvernement Lula a besoin d’accorder une large publicité sur ce qu’il a fait et ce qu’il fera dans ce domaine.
En second lieu, il est vital d’arriver à un accord entre les partis, comme l’a montré une récente initiative du président du PT, à propos du financement public des campagnes électorales avec de nouvelles procédures et des pénalités de contrôle, ainsi que des sanctions pour dépenses illégales. Enfin, il est indispensable d’institutionnaliser – comme proposait le programme de gouvernement, dans le cahier « Combat à la Corruption – Compromis avec l’Éthique », lancé en 2002 à l’Ordre des Avocats du Brésil (OAB) –, un organisme composé des trois Pouvoirs, du Ministère Publique, du Tribunal des Comptes de l’Union et des représentants de la société civile pour coordonner tout le travail de prévention à la corruption.
L’heure de l’espoir
Dans son plus clair entretien accordé jusqu’à aujourd’hui en tant qu’opposant du programme du gouvernement Lula, publié par le journal O Globo du 15 février, l’ex- président Fernando Henrique a donné ce conseil à Lula : « Seulement parier sur le développement, c’est tomber dans un piège. Lula est en train de tomber dans le piège qui est de juger son gouvernement par le développement ». Il éclaircit : « Le développement aujourd’hui dépend plus du marché que des politiques publiques nationales. »
Ce n’est pas ce que pensent les Brésiliens, comme l’a montré l’enquête CNI – Ibope de décembre 2003 : pour 66% des personnes questionnées, la principale tâche du gouvernement Lula est de travailler avec zèle pour le développement de l’économie et pour la création d’emplois.
L’espoir des Brésiliens ne peut pas rester à la merci des marchés financiers. Gouverner en opposition ouverte et globale avec ces marchés, dans les conditions politiques et économiques du Brésil, est aujourd’hui, une aventure aux résultats imprévisibles. Méconnaître la force et le pouvoir de ces marchés serait de l’irréalisme. Mais gouverner les grandes variables économiques à partir de sa rationalité serait un suicide politique pour un parti comme le PT.
En décembre de l’année dernière, ému, Lula a pleuré durant une rencontre avec des employés publics chargés du nettoyage des rues. Il a promis pour 2004 une « bonne année ». Une année de croissance économique forte et huilé par des politiques actives d’emploi, remettrait le gouvernement en phase avec les meilleurs espoirs des classes travailleuses, donnerait de l’efficacité aux politiques sociales d’urgence, augmenterait la perception d’impôts, réduirait le degré d’endettement du pays et donnerait de la confiance pour un nouveau cycle d’investissements.
Durant le troisième mois de 2004, il est clair que les intérêts du capital financier conspirent contre la reprise de la croissance. Ils n’ont plus la légitimité de l’époque de Malan et ne disposent que de leur pouvoir de chantage. Contre ce chantage, il faut exercer la volonté politique démocratique du peuble brésilien. Le PT, les partis alliés, les mouvements sociaux ont une tâche irremplaçable dans ce carrefour de l’espoir. Celui qui attend et a confiance a déjà eu largement assez de moments d’angoisse et de déception. L’espoir réclame maintenant son heure et les droits à la joie.
*Juarez Guimarães est scientifique politique, professeur à l’Université Fédérale de Mato Grosso (UFMG) et éditeur du Periscópio, bulletin mensuel de la Fondation Perseu Abramo et du Secrétariat National de Formation Politique du PT.